Rencontre avec Elodie Barbut-Paillard, art-thérapeute au centre hospitalier de Périgueux. 

Depuis 2018, Elodie Barbut-Paillard intervient dans le service hématologie-oncologie du centre hospitalier de Périgueux, avec le soutien du Fonds de Dotation Patrick de Brou de Laurière. La deuxième édition de l’exposition des productions des patient se tient dans le Hall du Centre Hospitalier jusqu’au 12 février. Une trentaine d’œuvres réalisées par les patients d’Élodie Barbut-Paillard sont exposées.

Quels sont les objectifs de l’art-thérapie?

EB-PL’art-thérapie est un moyen de se ressourcer face au stress et à la fatigue induits par la maladie. Les objectifs sont multiples : il s’agit de stimuler de qui fonctionne bien, gratifier les sens, se projeter et retrouver un sens à sa vie, retrouver l’estime de soi en s’impliquant dans la production artistique. Généralement, les symptômes diminuent après une séance. Les séances permettent également de favoriser la relation avec les équipes de soins et l’entourage, faire le choix d’être acteur du soin, ne plus le subir.

Cela permet enfin au patient d’exprimer son affect, d’avoir un mode de communication non verbale. Par sa production artistique et l’élan mis en place à cette occasion, la personne malade, choisit, s’implique et se mobilise physiquement et psychologiquement.

Depuis l’année dernière, vous avez mis en place une étude sur l’évaluation de la symptomatologie des patients, quels sont les objectifs de cette étude ?

EB-P : L’intérêt de cette étude est d’évaluer l’impact d’une prise en charge art-thérapeutique sur un patient atteint de cancer, en cours de traitement de chimiothérapie, sur la réduction des symptômes physiques ou psychologiques. L’objectif premier est d’évaluer l’impact de l’art-thérapie, comme soin support, sur l’amélioration du bien-être ressenti après une séance de traitements anti-cancéreux (chimiothérapie, immunothérapie…) pendant 6 séances chez des patients ayant une pathologie cancéreuse.

C’est une étude de supériorité, randomisée, contrôlée en bras parallèles comparants la prise en charge habituelle et la prise en charge habituelle avec ajout d’art-thérapie. L’objectif est de montrer scientifiquement que la prise en charge avec des séances d’art-thérapie en complément du traitement est bénéfique pour les patients.

Après avoir inclus un patient (lettre d’information, recueil du consentement ) ce dernier devra remplir trois questionnaires : un questionnaire d’évaluation de qualité de vie (FACT-G) à la première et 6ème séance (pour les deux groupes), un questionnaire d’évaluation des symptômes (ESAS) avant et après chaque séance de traitement (pour les deux groupes), un questionnaire sur le vécu des séances d’art-thérapie après la 6ème séance ) pour le groupe art-thérapie.

Où en est votre étude et quelles en seront les retombées?

EB-P : Nous sommes en train de valider les questionnaires sur un logiciel avec le DIM (Département de l’Information Médicale, qui gère les informations de santé des patients) de l’hôpital permettant la saisie des données. Chaque inclusion (intégration d’un patient dans l’étude après la signature de la lettre d’information et de consentement) dure 6 séances, selon les protocoles de chimiothérapie de 6 semaines à 6 mois. Soit au total 30 mois + 6 mois de résultats et publications donc 36 mois au total.

Nous voudrions que nos résultats confirment que la pratique de l’art-thérapie diminue les symptômes et améliore la qualité de vie des patients atteints d’une maladie cancéreuse pouvant bénéficier ou non des autres soins de supports possibles pendant leur traitement anticancéreux, avec une étude randomisée en France, ce qui fournirait un appui solide pour promouvoir l’art-thérapie en milieu de soins.